Le recrutement

, par  C. Barbey

C’est un peu là que tout commence, mais on ne sait pas toujours où cela fini...

Présentation générale

L’armée refuse environ 35% des personnes soumises au recrutement. Elle perd ensuite au fil des années encore au moins 15% de son personnel pour des raisons diverses (service civil, santé physique ou psychique, départs pour l’étranger principalement). Au final, il n’y a plus guère qu’un Suisse sur deux qui serve dans l’armée (l’égalité de traitement n’existe plus, puisque ce que l’on voudrait imposer à tous n’est pas même fait par la moitié de ceux-ci). Si l’on compte les civilistes et la protection civile, c’est un service que rendent effectivement une bonne partie des hommes en âge de servir, mais qui est souvent, en tous cas pour le service civil, bien mal reconnu (et même si nous ne souhaitons en aucun cas étendre le service aux femmes, inévitablement discriminatoire).

Pour toutes sortes de raisons, le recrutement s’est heureusement amélioré. (Avec un taux de déchets de 10% en débat d’école de recrue, c’était nécessaire).
Cela tient en partie à la règle "pas plus d’une année entre le recrutement et l’école de recrue" qui a pour effet que les recrutement se font plus tard, avec des personnes plus âgées et donc plus matures.
Dit autrement, "mettez-y du vôtre : le recrutement est une forme d’examen, sur deux jours. Soyez donc préparés et averti, quels que soient vos choix et options, un bon recrutement vaut mieux qu’un mauvais début d’école de recrue.

De plus, l’armée a encore un peu de peine à reconnaître les bonnes volontés, les personnes volontaires ou disposées à servir et surtout les compétences à sa disposition. A vous de l’y encourager.

A l’inverse, la moitié des personnes inaptes, soit 20% de la population mâle et suisse du pays ont une "incompatibilité mentale" avec l’armée. La plupart d’entre elles sont pourtant parfaitement saines d’esprit ; c’est ce que leur fait ou leur fait faire l’armée qui ne l’est pas.

Rappel ou à savoir : Le début de l’école de recrue est et reste un moment qui peut être difficile. Avec parfois des conséquences médicales, qui peuvent être graves. De plus, les visites médicales (et surtout avec un psy) sont à notre connaissance encore difficiles à obtenir la première semaine d’école de recrue (détails).

Le recrutement est obligatoire entre l’âge de 19 ans et la fin de l’année de ses 24 ans. Base légale..
(Attention, les personnes naturalisées au-delà de cette limite d’âge peuvent être recrutées (par l’armée, sic) dans la protection civile et doivent payer 11 ans de taxes d’exemption ou jusqu’à 37 ans).

Le recrutement doit désormais se faire au plus tôt un an avant et au plus tard trois mois avant l’école de recrue (base légale, al. 3). Bien que la loi été adoptée en 2018, cinq and plus tard, le système n’est pas encore complètement en place, l’armée ayant validé tous les anciens recrutements quelque soit leur date. Nous verrons comment cela se développe à l’avenir.

Les personnes qui souhaitent refuser de payer la taxe d’exemption peuvent aussi, à certaines conditions et dans des fonctions spécifiques demander à faire le recrutement au-delà des limites d’âge. Lien.

Avec des certificats lourds et en particulier en cas d’handicaps évidemment incompatibles avec l’armée, il est possible de se faire exempter du recrutement, mais c’est très rare. Si vous êtes valide (ou que vous pouvez vous déplacer, comme ils disent), vous devez y aller.

Les Statistiques du recrutement et du personnel de l’armée sont en parties publiques (mais leur lien Internet n’est plus à jour). L’armée prend environ 65% des conscrits chaque année ; un peu plus en Suisse profonde, un peu moins en Romandie. Parmi ceux qui ne sont pas pris pour l’armée environ la moitié le seront pour la protection civile. On peut estimer que pour la moitié des personnes qui ne sont pas prises, les motifs sont clairs. Pour l’autre moitié, c’est plus incertain. Par ailleurs, on le répète, si l’on regarde le taux "d’échecs" en début d’école de recrue, le recrutement commet encore trop d’erreurs ; certaines d’entre elles, évitables, pouvant mener à des situations graves (voir notre article début de l’école de recrue). De plus, l’information sur le service civil reste à notre connaissance lacunaire (quant elle n’est pas absente, fausse ou désagréable) au recrutement, avec une conséquence similaire ; un nombre très élevé de demandes de service civil (9%) se font en début d’école de recrue.

Le recrutement dure 1 à 2 jours, à l’issue desquels vous êtes déclaré apte ou inapte à l’armée.
Cette décision d’aptitude ou d’inaptitude peut être révisée en tous temps (et c’est fréquent) en demandant à faire une "nouvelle appréciation de l’aptitude au service militaire - EAM), à passer devant une Commission de Visite Sanitaire (CVS, qui n’a plus de visite que le nom, il est devenu plus fréquent qu’ils demandent à voir la personne concernée, mais ce n’est pas systématique). La visite peut durer un journée. La commission, 1 à 3 médecins suivant les situations, dont assez fréquemment 1 psychiatre, statue le plus souvent sur votre aptitude ou non simplement sur la base du dossier médical que vous avez envoyé. Pour les détails ici.

La décision prise lors du recrutement peut faire l’objet d’un recours, dans les 30 jours, si le résultat ne vous convient pas. (Pour les détails, contactez-nous, nius en faisons assez fréquemment !).

Il est assez facile de faire recours contre la décision d’aptitude ou non, en particulier si l’on veut servir plutôt que de payer la taxe ou si l’on veut faire le service civil plutôt que d’être déclaré inapte.
Par contre, le recours contre la décision d’affectation (dans quelle arme vous voulez servir) est beaucoup plus difficile. Il n’y a pas de droit à une affectation, seule l’armée décide.

Faites attention au service long. Si en principe, il est volontaire, dans certains cas (en particulier au-delà des limites d’âge, si on y est volontaire), il est obligatoire ou demander (et on a vu des gens s’y faire mettre sans le savoir ou le prendre sans trop y réfléchir). Le service long dure 55 jours de plus que le service normal et il est ensuite parfois difficile d’en sortir (surtout depuis l’école de recrue ou une fois le service long commencé) et c’est une catastrophe s’il faut par la suite passer au service civil (il y a alors 83 jours de service civil en plus). Il faut donc d’abord sortir du service long, puis demander le service civil. Heureusement, le Tribunal Fédéral a supprimé le service civil long (à faire obligatoirement de suite et en une fois).

Pour la petite histoire, les militaires en service long faisaient 300 jours d’armée au lieu de 260 en service normal (actuellement, 245 et toujours 300). Dans l’ancien système, s’ils demandaient le service civil, ils ne leur était compté que le nombre de jours d’armée normal, soit 260. Beaucoup de militaires en service long ont donc demandé le service civil lors de leur 261éme jour d’armée. Résultat : pas de service civil à faire, plus d’armée non plus, le nombre de jours d’armée obligatoire étant accompli. L’armée (et le parlement) ont détesté cela et la solution (la répression ?) est allée beaucoup loin que le problème (jours de service civil en plus, service civil de suite et d’un coup, critères du service long applicables dès la décision au recrutement).
Nous demandons à ce que les critères du service civil long n’entrent en application qu’au début du service militaire long, soit à la fin de l’école de recrue.

Si vous êtes déclaré apte, alors vous pouvez, depuis chez vous, faire ensuite une demande de service civil. (Voir plus bas et ici.)
Ou alors vous êtes déclaré inapte à l’armée et apte ou inapte à la protection civile (pour voir ce qu’est la protection civile et la distinguer du service civil, voir ici.)
Et si vous êtes inapte, avec ou sans protection civile, dans un cas comme dans l’autre, à moins d’être handicapé au point de ne pas pouvoir gagner votre vie, vous devez payer la taxe d’exemption de l’obligation de servir. Toutefois, pour les personnes qui souhaitent servir plutôt que de payer et qui le peuvent sans se mettre en danger ou mettre les autres en danger, il existe désormais une possibilité de réintégration. Elle n’est pas très bonne, mais elle existe. Détails.

Soyez averti ...

Pour ceux (et parfois celles !) qui pensent qu’il vaut encore mieux subir le pensum qu’est l’armée ou qui s’imaginent l’essayer "parce que tous les autres peuvent, pourquoi pas moi ?", ou encore parce que c’est (paraît-il) une "école de vie à faire", sachez que :
- C’est beaucoup plus dur que ce que beaucoup imaginent. On vous aura prévenu ...
- Dès le recrutement, on examine votre aptitude à grader. Et plus on monte en grade plus les jours de services sont nombreux. La corvée pourrait donc être plus longue que prévu...
- Le service long ne protège pas non plus d’avoir à prendre de l’avancement. Au contraire, c’est plutôt un facteur aggravant. Et on le répète, il est plus long, 55 jours de plus.
- Idem, un passage au service civil depuis le service long est moins bon. 83 jours en plus. (Sortez d’abord du service long avant la demande de service civil).
- En ce qui concerne le service civil, la moitié des demandes de service civil sont faites une fois l’école de recrue faite. Le taux a un peu baissé avec la procédure simplifiée d’admission au service civil et il est vrai que cela fait un gros morceau de service civil en moins, mais la plupart de ces demandes sont faites par des gens qui ont "essayé pour voir", mais qui ensuite n’ont pas voulu ou pu faire plus.
- Notez aussi qu’en cas de passage au service civil après l’école de recrue, il y a une période obligatoire de 54 jours à faire l’année qui suit l’admission ; 26 jours si l’école de recrue n’est pas faite, mais alors une période longue de service civil de 180 jours.
- La difficulté de planification du service civil est aggravée d’autant si on a pas fait l’école de recrue. Il est assez facile de repousser l’armée pour raisons d’études, mais quand vient le moment de demander le service civil, souvent entre 22 et 23 ans, il reste beaucoup de service civil à faire, en peu de temps, ce qui n’est bon ni pour les études s’il en reste, ni pour la vie professionnelle qui débute, sans parler de la vie de famille qui a souvent aussi débuté dans les joies de l’amour (l’armée là au milieu, anti-amour s’il en est, c’est moche). Nous redisons donc ce que nous disons ailleurs : si vous voulez faire le service civil, autant le demander tôt. A vous de voir !
- Enfin et surtout, - on le redit, c’est important ! - à chaque début d’école de recrue, la permanence reçoit (heureusement moins) des appels au secours de personnes (ou de proches) qui se sont naïvement imaginées que ça irait sans trop de problèmes et qui se retrouvent en "détresse" dans un univers militaire fermé (et assez horrible, c’est fait pour tuer ce truc ...) et auquel ils ne s’attendaient pas du tout ... La vie militaire fait peu de cadeaux (c’est gentiment dit) et elle ne fait surtout pas celui de vous laisser voir un médecin (très) rapidement (Là aussi, cela va un peu mieux). "Enfin quoi ? - à l’armée on est tous des durs... !" Hélas, cela confine parfois à de la maltraitance. (Et à trop forcer les mecs au-delà de leurs limites, il y a de temps en temps ... des morts, 2 recrues à Bière en 2012). Aller au bout de ses limites peut-être, se surestimer, jamais ! Détails.
Alors avant de vous dire à vous-même que ça va aller, soyez-en sûr et n’oubliez que les premiers jours en tous cas ne vont pas être faciles. Après, parfois on s’adapte, mais côté cœur et bonheur, il y a beaucoup à perdre à apprendre que la violence c’est normal. Enfin bref, si vous avez envie de vous faire laver le cerveau par l’apprentissage de la guerre, c’est votre histoire ou votre problème, mais nous on préférerait que vous ne partagiez pas cela ! C’est un commentaire du GSsA qui n’a rien à faire dans cette page de la permanence, qui se doit d’être neutre sur vos choix, mais là - vraiment - on tenait à le faire !

Quoi qu’il advienne et quoi que vous fassiez, la permanence reste pleinement et objectivement à votre service, même en cas d’urgence (dans les heures ouvrables, on préfère) et on fera de notre mieux pour vous tirer de là ...

... et préparé !

Je ne voudrais pas paraître négatif, il y a des officiers honnêtes, humains et justes. Mais pas tous et l’objectif reste quand même de faire entrer le maximum de personnes dans l’armée et dans une place à l’armée qui convient à l’armée, pas automatiquement ou pas assez à vous. Dans cette configuration, il n’y a pas beaucoup de place pour votre personne et vos souhaits ne sont jamais que partiellement pris en compte. Et encore, cela dépend largement de votre capacité à les faire valoir.

Si vous avez des motifs médicaux à faire valoir, il est impératif de venir avec les certificats médicaux nécessaires. Les médecins militaires font un travail superficiel (et rapide) lors du recrutement et nous savons d’expérience que les énoncés oraux de problèmes de santé sont parfois peu pris en compte.
Un certificat précis est nécessaire. Celui-ci doit idéalement donner une description détaillée de l’atteinte à la santé, l’historique et l’évolution de celle-ci, l’état actuel de la personne et les conséquences sur sa vie quotidienne, les développements positifs et négatifs certains, probables ou possibles, voire même l’état psychologique par rapport à l’atteinte, mais aussi et surtout quelles seraient les conséquences en cas de service militaire. Le médecin peut (et si cela va dans votre sens, c’est mieux) prendre position sur l’effet de l’armée sur la santé de la personne, plus ou moins fermement dans un sens ou un autre, tout en restant poli, car c’est toujours l’armée qui aura le dernier mot, mais sachant toutefois qu’il engage sa responsabilité comme celle de l’armée, c’est donc un document sérieux, qui est habituellement suivi.

Quelques indications :

Sauf si grader, c’est votre truc, l’attitude générale au recrutement c’est : ni zèle, ni résistance . Sans exagérer, (si quand même un peu) : les zélés sont adulés, ils font marcher le système. Et ceux qui résistent attirent l’attention... Et à l’armée, on aime bien les fortes têtes, c’est pratique pour exercer son autorité dessus, à condition de pouvoir les "casser" ou les faire rentrer dans le rang assez facilement. Tout un programme... Avec à la clé, coups de gueules et insultes (même au recrutement, ça arrive ; en école de recrue, c’est illégal mais fréquent), avec parfois punitions collectives et des bizutages (surtout lors du 1er cours de répétition, on chahute un peu les bleus ; cela fait passer le temps et tant que ce n’est pas réellement des mauvais traitements, ce n’est même pas illégal) ou même des amendes et des jours de prisons pour les plus résistants (les amendes cela peut commencer dès le recrutement). Mais la pire des punitions, c’est parfois simplement de vous faire grader...

Si vous entendez demander le service civil, ne le criez pas trop sur les toits (mais alors vraiment pas) et réussissez à vous faire déclarer apte. Si on vous pose la question de votre intérêt pour le service civil, dites que c’est une possibilité que vous avez envisagée, mais que pour le moment cela n’entre pas en ligne de compte (ce qui est vrai, tant que vous n’êtes pas déclaré apte, vous ne pouvez pas demander le service civil, il se demande après le recrutement, pas durant celui-ci). Si vous êtes sûr de vous, que tous les tests sont bons et que vous voulez vraiment le service civil, vous pouvez le dire lors de l’entretien avec le commandant. Cela vous dispensera alors d’aller chercher les chaussures (sauf si vous les voulez, sic), mais surtout vous gagnerez du temps pour le choix de l’affectation, car il vous mettra n’importe où. Mais attention à ce que ce ne soit pas en service long ou chez les grenadiers (école de recrue de 5 semaines plus longue).

Si vous êtes décidé à faire le service civil et que vos tests ou le dossier médical ne sont pas très bon, dites plutôt que vous voulez faire l’armée et attention à faire pencher la balance du bon côté.
Si vous n’êtes pas encore décidé, mais que le service civil est une possibilité, idem : vous devez vous faire déclarer apte.
Bref, si vous avez le service civil en vue, et qu’on vous pose des questions, je le redis : dites que c’est une option que vous avez prise en compte, mais que pour le moment, ce n’est pas votre choix. (Et gardez vos convictions bien à l’abri en vous, le plus souvent ils ne les comprendraient même pas et surtout ils essayeront très fort - et parfois ils y réussissent ! - à vous faire changer d’opinion). Donc prudence ! Sans vouloir être pessimiste, il s’agît bien d’une chasse à l’homme (d’un recrutement forcé de personnel) ... et vous êtes la proie idéale ! Là j’exagère, ils savent souvent, mais pas toujours, faire ce qu’il faut pour que cela se passe bien - habituellement - dans le respect et la politesse, parfois la compréhension. Mais le but reste le même, faire de vous des soldats et s’ils pensent avoir une chance d’y parvenir, ils ne se gêneront pas. Tout en sachant qu’ils sont heureux de se débarrasser de ceux qui sont à leur yeux malingres, instables ou trop révoltés pour être récupérables... Dites-vous bien qu’il y en a qui ressortent de l’armée en pire état que celui dans lequel ils y entrent, mais cela c’est une autre histoire.

Si vous attendez de l’armée qu’elle vous déclare inapte, il vaut mieux arriver avec un ou des certificats médicaux solides. (Contactez-nous si besoin, on connaît assez bien les critères et les conséquences des différents types de maladies). Si vous n’avez pas de certificats, faites attention à en faire assez mais pas trop. S’il vous manque un certificat, dites-le dès le tout début du recrutement, vous irez alors avec ceux qui en ont pour faire les test médicaux en premier.

Depuis quelques années (et la dénonciation publique et légitime des abus d’armes militaires), toutes les personnes soumises au recrutement font l’objet d’un contrôle de sécurité, parfois très poussé (casier judiciaire, enquête(s) en cours et rapports de police). Dans bien des cas, elle préférera, la cas échéant vous déclarer inapte.
Le recours contre ce genre de décisions peut se justifier.

On nous a aussi rapporté (mais on a pas pu vérifier), qu’une personne qui s’était annoncée comme alcoolique avait été ensuite dénoncée au service des automobiles (dans ce cas, le service des autos doit faire ses propres vérifications). Mais s’il s’avère que vous avez exagéré et que cela retourne ensuite à l’armée, vous risquez gros.

Bien que nous n’ayons pas connaissance de cas de poursuite, la fraude au recrutement est sévèrement punie, de fortes amendes ou même de la prison. Mais vu le taux élevé de personnes que l’armée ne prend pas, il n’est pas nécessaire d’en arriver là. Si besoin, contactez-nous.

En conclusion, mieux vaut savoir ce que vous voulez avant de commencer, cela permet plus facilement de donner le change et un coup de pouce au bon moment pour que les choses aillent dans la bonne direction, la vôtre. C’est souvent cela qui fait la différence, souvent tout à la fin dans le bureau du colonel, votre intention intime (pas toujours manifeste d’ailleurs) au bon moment. Dit autrement, quand on sait ce que l’on se veut, on obtient plus facilement ce que l’on peut obtenir.

Le déroulement

Le premier jour sépare ceux qui ont des certificats médicaux de ceux qui n’en ont pas. Ceux qui n’en ont pas mais mais pourraient ou devraient en avoir doivent arguer, plaider leur cause ; pas si facile. Les uns vont chez les médecins, les autres sur le terrain de sport. Le lendemain, c’est l’inverse : le terrain de sport pour ceux qui ont survécu à la visite médicale et les médecins pour les autres. Ceux qui y passent la nuit (la plupart) ne doivent pas s’attendre à des lits douillets ; c’est dur !
Le tout est agrémenté de toutes sortes de joyeusetés, explications, tests, questionnaires et commentaires en tous genres, sous l’œil (et parfois les hurlements) d’instructeurs avides de savoir à quoi vous êtes bons pour eux ou moins bons tout court et sous l’œil aussi de soldats en cours de répétition qui vous encadrent, mais qui s’ennuient (un peu comme vous).
Les questionnaires sont parfois franchement intrusifs. Ils en profitent pour faire toutes sortes d’enquêtes, mais aussi pour vous connaître mieux, ce qu’ils utiliseront. On n’y peut pas grand chose...
Enfin, il y a à la fin un entretien avec le colonel recruteur ou un officier, souvent décisif, où l’intention et la détermination plus que l’honnêteté font souvent la différence.

Une dernière chose prévoyez de quoi vous occuper. Quelque chose que vous puissiez glisser dans la poche. Vous allez passer beaucoup de temps à ... attendre. Un truc à prendre à tous prix pour vous faire des amis, le jeu de cartes !

Les options
Le durée de l’école de recrue. Il n’y a désormais plus qu’une durée, 18 semaines, sauf pour les grenadiers, 23.

La langue. Disons-le tout net, le Suisse allemand est la seule langue officielle de l’armée suisse. Si vous ne le parlez pas et pour éviter toutes sortes de discriminations et complications (et nous avons hélas de nombreux cas), faites votre école de recrue en Suisse Romande.

Les conséquences

Une fois votre aptitude établie, deux autres décisions sont prises au recrutement :

Votre affectation. Le type d’arme ou de fonction à laquelle vous allez être soumis (sic).

Et en fonction de cela, la date probable de votre école de recrue.

La date de l’école de recrue peut être modifiée relativement facilement, en tous cas pour raison d’études et du moins jusque vers 22-23 ans. Après, c’est beaucoup plus difficile. L’affectation est beaucoup plus difficile à modifier.
Donc là aussi, soyez préparé ! Plus vous savez ce que vous voulez, plus avez de chances de l’obtenir (si c’est possible) et moins vous risquez de vous faire coller quelque chose qui ne vous convient pas.

Recours

Si la décision du recrutement est inadéquate, ne vous convient pas ou ne répond pas à vos attentes, vous pouvez faire recours, dans les 30 jours, auprès du Service sanitaire de la Base logistique de l’armée, Worblentalstrasse 36, 3063 Ittigen.
C’est une procédure que nous faisons assez fréquemment.

Si la décision vous paraît malhonnête, en particulier si vous êtes déclaré inapte simplement parce que vous avez demandé le service civil, vous pouvez aussi déposer une plainte de service.

Dans les 2 cas, nous vous encourageons vivement à nous consulter d’abord, ce sont des procédures particulières qui requiert un peu de savoir-faire.

Report du recrutement

Si une convocation au recrutement se déplace relativement facilement, si vous savez que vous ne pourrez pas y aller, vous devez demander le report à votre autorité militaire cantonale.
Si vous ne pouvez vous y rendre pour un motif urgent (médical ou autres, mais très important), avisez-les au plus vite. Et suivez leurs instructions sur les suites utiles.

Louper un recrutement

En cas d’arrivée tardive, appelez le centre de recrutement. Des rattrapages en début de journée ont parfois été possibles.
En cas d’absence plus tard dans la journée ou si vous ne découvrez votre absence que le lendemain, appelez-les aussi pour les avertir et si possible fixer un nouveau rendez-vous.
Ensuite, vous devez vous arranger avec votre autorité cantonale. Appelez-les sans tarder. Selon les cas, elle vous demandera peut-être de justifier par écrit les raisons de votre absence.
Si vous avez un certificat médical, appelez-les quand même au plus vite et avant de l’envoyer.
Chaque absence entraîne des tâches et des communications administratives inutiles, et en cas des difficultés peuvent déboucher sur des sanctions. Lesquelles iront assez vite en s’aggravant, si l’amende est chaque fois considérée selon les circonstances, au début elle est de 100.- environ, mais le tarif monte vite en cas de récidive pouvant aller dans les cas les plus graves (refus de servir) jusqu’à de la prison ferme. Détails. Notez aussi que c’est très rare, mais que dans certaines circonstances une intervention de la police militaire est possible.

Si vous nous avez lus jusqu’ici (bravo), lisez aussi pour le plaisir l’anticorps d’armée, brochure du GSsA pour le recrutement et les militaires, même si elle n’est plus à jour.

Anticorps d’armée 2014

Lisez encore, avec un esprit civique et critique la brochure officielle du recrutement (pas sûr que ce soit la dernière en date).

Borchure officielle du recrutement, 2018

Vous pouvez aussi visiter le site de l’armée.

Commentaire de la brochure et rappel des fonctions du service civil, qui en sont absentes.
A notre avis, la description qui y est faite du service civil sans être malhonnête est particulièrement sommaire.

  • Le service civil est mentionné, mais trop peu est dit sur les motifs possible pour le faire ou le demander.
    Dans un sens ou dans l’autre d’ailleurs et il est vrai que la loi n’exige plus le contrôle des motifs pour cette demande. Mais ceux-ci, a priori d’ordre d’éthique ne sauraient être cachés sans que la présentation du service civil ne soit partiale.
    Puisqu’il n’y plus de contrôle de ces motifs, si tous les motifs - vous les lisez bien tous les motifs - sont valables (à condition d’accepter de faire un service plus long) pour demander le service civil, celui-ci a été conçu à l’origine pour des personnes qui ne peuvent concilier l’armée avec leur conscience. Le plus souvent en raison d’un refus de tuer ou de résoudre les conflits par la violence, plus rarement pour des motifs écologiques ou économiques.
    Refus de tuer qui peut n’être que potentiel (il est heureusement rare que les soldats suisse tuent effectivement) ou conceptuel (refus d’apprendre à tuer ou de concevoir cela comme possible) ou à l’inverse et bien plus positivement : volonté de respecter le droit à la vie, le sien et celui d’autrui.
    Volonté de prévenir les conflits et si besoin de les résoudre pacifiquement, refus de l’usage de la force, sauf peut-être en non-violence et donc refus de dommages ou de destructions supplémentaires. Il a aussi été entendu que par nature toute armée est incapable de respecter pleinement le droit humanitaire, celui-ci ne faisant parfois que limiter les dégâts, ce qui n’est pas inutile, entre autres pour rappeler que la guerre est inique et donc que ses moyens, les armes et les armées, ne sauraient l’être moins.
    L’armée pollue et beaucoup ! Et l’objection de conscience à la pollution est nécessaire.
    L’armée coûte très cher, mais à ce titre elle protège aussi et d’abord les classes favorisées.
  • Ensuite, en affirmant que le service civil n’est pas un libre choix mais en ne précisant pas les raisons de cette absence de choix, ni pourquoi figure ensuite sans explications supplémentaires la procédure pour obtenir le service civil, la brochure créé une confusion. L’idée est que l’armée est prioritaire, le service n’étant que secondaire et valable dans certains cas seulement. Le raisonnement est juridiquement correct, selon la constitution, le service civil est un service de "remplacement". Par contre, le droit à l’objection de conscience est un droit fondamental (un droit de l’homme) internationalement reconnu et si chacun est tenu de faire son service (s’il y est apte), chacun est libre aussi d’exercer ce droit à l’objection de conscience, lequel ne saurait être restreint qu de façon limitée.
  • Par ailleurs, le processus du recrutement lui-même, géré entièrement par l’armée, n’offre pas les garanties nécessaires pour que ceux (ou celles, cela arrive) qui souhaitent faire le service civil puissent choisir cette option directement au recrutement (il faut attendre la déclaration d’aptitude et faire la demande dans le civil ensuite, depuis le civil), y compris en cas de conditions de santé insuffisantes (risque d’être déclaré inapte) ou de contrôle de sécurité insuffisant pouvant aboutir à une inaptitude ou à un refus de remettre l’arme (ces contrôles n’ont guère de raisons d’être pour le service civil).
  • De plus, grosse lacune, la possibilité qui est offerte aux personnes inaptes souhaitant servir et ne souhaitant pas payer la taxe de pouvoir le faire n’est mentionnée nulle part. (Offerte, c’est gentiment dit, la procédure est compliquée, il faut faire recours contre le recrutement).
  • Par ailleurs, il convient de rappeler notre revendication de voir le recrutement devenir une institution civile et militaire mixte, avec la présence de représentants du service civil.

Bon recrutement à vous.

Dernières mises à jour :
24.1.23 : Relecture de toute la première partie. Ajout du délai d’un an entre le recr’ et l’ER.
16.2.22 : Déplacement à la fin du doc de l’anticorps d’armée et de la brochure de l’armée sur le recrutement, et son commentaires.

La permanence est ouverte le mardi de 12 à 14 heures au 026 925 80 66.
Pour les urgences : 079 524 35 74, si besoin veuillez laisser un message.
Vous pouvez aussi nous joindre par courriel.

Le 1er quart d’heure de consultation n’est pas facturé. Le tarif horaire de référence est de 160.- de l’heure (par 5 minutes). Sur demande, le tarif peut être adapté à votre situation. 25.- peuvent être déduit si vous remplissez notre formulaire d’évaluation.