Exemptions pour raisons psychiques

, par  C. Barbey

Sauf en début d’école de recrue, nous ne répondons par téléphone aux questions concernant les exemptions psychiatriques qu’une fois que vous aurez lu ces pages. Nous sommes pleinement solidaire, mais en principe, toutes les informations dont vous avez besoin sont dans les lignes qui suivent. Bonne lecture !

Il y a trois raisons à cette demande de préparation préalable :

> Nous ne sommes pas « psy » et ne souhaitons pas plus que nécessaire entrer dans un dialogue sur votre « psyché » et sa compatibilité avec l’obligation militaire. Nous avons plus de quinze ans d’expérience, mais un tel accompagnement sera toujours un moment humain particulier et parfois profond. Merci de nous faciliter la tâche.

> De tels entretiens sont efficaces mais souvent longs (une demi-heure en moyenne), temps qui est coûteux pour vous, mais que si possible nous préférons utiliser pour faire progresser la situation de toutes les personnes soumises à l’obligation de servir (et il y a à faire !), pas seulement la vôtre.
Une fois décidé, ces entretiens ne peuvent, sauf exception, avoir lieu que par téléphone (par écrit, ce serait trop long et surtout très impersonnel), et donc de préférence en dehors des heures d’ouverture de la permanence, celle-ci étant réservée aux autres demandes.

> Enfin, un rappel légal : Nous vous informons, mais nous n’avons pas le droit de vous inciter à violer vos obligations militaires : vous seul prenez la décision d’une telle procédure, en connaissance de cause.

Si vous avez encore des questions après avoir lu attentivement tout ce qui suit, vous pouvez les poser par courriel ou par téléphone. Si besoin, nous vous rappellerons. Courriel


Quelques généralités :
2 suisses sur 10 se font licencier de l’armée au recrutement pour raisons psychiques (pendant de nombreuses années, l’armée publiait les chiffres du recrutement par région et par principaux motifs ; nous n’avons hélas pas gardé de référence). Un nombre assez conséquent se font ensuite aussi licencier pour ces raisons avant l’école de recrue ou durant leurs années de service. Il n’y a heureusement de loin pas autant de personnes qui souffrent de tels troubles dans la vie civile. Ce qui nous amène à dire que l’armée est un problème de santé publique, mais c’est une autre histoire. Il est certain qu’un service civil plus ouvert et d’une durée égale réduirait ce problème, la suppression de l’examen de conscience en 2009 a déjà eu cet effet là.

Cela permet aussi de conclure que l’armée déclenche chez toute une série de personnes (et donc dans une part importante de la population) des troubles que ces personnes (vous peut-être !) ne développeraient pas en dehors de leur relation à l’institution militaire. Avec pour heureuse conséquence le fait que la plupart de ces personnes sont, en dehors du cadre militaire ou une fois le problème militaire résolu, tout-à-fait saines d’esprit. Et c’est ce que nous vous souhaitons de mieux !

La procédure n’est en soi pas très difficile, coûteuse ou prenante et elle reste couverte – de façon totale – par le secret médical. Sans votre autorisation, seul votre médecin et le médecin de troupe qui vous soignent, les membres de la CVS ont connaissance du contenu de votre dossier. En quatorze ans de permanence, nous n’avons jamais vu de violation du secret médical.
On en sort habituellement indemne ou même grandi, mais cela ne veut pas pour autant dire que cette procédure - et la dose d’introspection qu’elle suppose ! - soit anodines.

Ceci dit, l’armée est probablement bien plus atteinte que vous (est-ce très sain d’esprit d’apprendre ou de forcer à apprendre à tuer les gens ?) et il n’est guère besoin de simuler le malaise que cela cause chez toute personne normale !

Avertissement.
Si vous n’avez pas encore fait l’école de recrue ou si vous êtes au début de celle-ci, lire aussi et impérativement l’article qui est ici.

Sortir de l’armée pour raisons psychiques depuis la vie civile
(Depuis l’armée, voir ci-dessous, dernier paragraphe)

Une des conséquences de la pléthore de cas psychiques à l’armée est qu’il n’est pas nécessaire de « s’inventer » des maladies mentales dont vous n’avez pas besoin.
L’armée vous met mal à l’aise, sinon vous ne seriez probablement pas en train de lire cette page (si vous la lisez pour vous-même bien sûr).
Toute la question est donc de savoir exprimer ce malaise ou ce mal-être en des termes qui puissent être reconnus tant par l’institution psychiatrique que par l’armée.

Dit autrement (éthiquement), il est juste de dire qu’il ne sert quasiment à rien de mentir à un psychiatre, si tant est qu’un mensonge puisse mener où que ce soit (et n’allez pas croire que le psychiatre ne le sentira pas, ce serait étonnant), mais le simple fait de vous retrouver devant lui prouve que l’armée vous met mal à l’aise, psychiquement, avec parfois des suites physiques. Dites-le ! Exprimez ce mal-être ou ce malaise et dites d’une part en quoi il se manifeste et à votre avis de quoi il provient et – surtout – ce sur quoi il pourrait potentiellement déboucher s’il devait durer. C’est tout : ce qui se passe (ce qui ne va pas), pourquoi ça ne va pas et ce à quoi cela mènerai s’il s’y ajoutait encore une période militaire.

Comment faire ?

Trouver un psychiatre

Lors du recrutement vous passerez devant un psy ou une une commission psychiatrique qui vous posera toutes sortes de questions. Cela suffit parfois à vous faire réformer, mais si vous pensez qu’il pourrait y avoir des « incompatibilités mentales » entre vous et l’armée, alors il vaut mieux y aller avec le certificat d’un psychiatre. Si cela ne vous est pas proposé d’office, vous pouvez aussi demander à voir le (ou la) psychologue ou psychiatre du recrutement.

Que ce soit pour le recrutement ou plus tard, pour votre certificat, vous devez consulter un psychiatre et non pas un psychologue (Le psychiatre est un médecin du cerveau et de la pensée. Le psychologue n’est pas médecin, c’est un spécialiste de la pensée, d’ailleurs dans toutes sorte de domaines : travail, commerce, famille, etc.). L’armée exige l’avis d’un médecin-psychiatre.

Pour trouver un psychiatre, le plus simple est de passer par votre généraliste (médecin de famille). L’avantage de cette solution est triple. Vous obtenez une « recommandation » (soit par une lettre du médecin, soit simplement en disant au psy que c’est le Dr. X qui vous envoie). Recommandation qui vous permet en principe d’obtenir un rendez-vous, tous les psychiatres ne prennent pas de nouveaux patients. Et de l’obtenir dans des délais raisonnables alors que ceux-ci sont habituellement plutôt longs (comptez dix jours minimum avec la recommandation, plusieurs semaines sans). Enfin, vous pouvez déjà commencer à exprimer votre problème devant le généraliste, ce qui sera utile pour la suite.
Si vous êtes pressé, il existe aussi dans toutes les villes de moyenne importance des policliniques psychiatriques. Si vos raisons sont suffisantes, elles seront le plus souvent à même de vous délivrer un certificat vous dispensant du prochain cours de répétition. Pour une exemption définitive ou pour l’exemption d’une école de recrue, cela dépend de leur fonctionnement en urgence ou en urgence et en consultation, car pour une exemption définitive, il vous faudra plusieurs rendez-vous. Il peut aussi y avoir d’autres raisons pour lesquelles elles ne le feraient pas. De plus, ce sont souvent des médecins-assistants ou débutants qui ne connaissent pas toujours la procédure particulière liée à l’armée. Donc il vaut mieux, si c’est possible, passer par un cabinet.

Il existait un temps au CHUV à Lausanne, une permanence spécialisée sur les questions militaires. Pour les personnes que nous savons y être allées, cela s’était bien passé. Ils avaient une approche neutre et c’était à vous de faire voir que votre problème était sérieux. Dommage, elle a fermé.

Attention, on le répète, si l’armée vous a licencié pour raisons psychiques, mais sans vous réformer de façon définitive (c’est plutôt la norme lors de l’école de recrue) (donc sans déclaration "inapte" dans le livret de service), c’est vous qui devrez faire les démarches pour faire confirmer votre « problème » par un psychiatre civil et ensuite le communiquer à l’armée. Sinon, vous recevrez simplement un nouvel ordre de marche… Et parfois trop tard pour faire tous les rendez-vous que suppose la procédure d’inaptitude.

Nous ne donnons en principe pas d’adresses de psychiatres pour toutes sortes de raisons. Pour que ce ne soit pas toujours les mêmes et que l’armée les discrédite, mais aussi parce que finalement vous devez exprimer votre incompatibilité avec l’armée selon vos propres termes et que ce soit reconnu quel que ce soit le psychiatre qui vous reçoit.

Les psychiatres sont souvent officiers. Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils aient un préjugé, bien au contraire. Le plus souvent, ils font leur métier et posent leurs diagnostics en leur cœur et conscience. Ils savent aussi que de ne pas vous prendre au sérieux, c’est faire courir des risques, parfois très sérieux, à vous comme à d’autres, à l’assurance militaire. Ils restent donc objectifs. A notre avis, c’est plutôt un avantage.

Il est très rare que des psychiatres refusent de faire des cas militaires (mais il y en a quelques-uns ; nous avons une liste !). Si c’est le cas, ou si vous sentez que cela ne passe vraiment pas, changez-en immédiatement !

Il existe une liste des adresses des psychiatres des places d’armes, qui sont les experts chez qui l’armée renvoie les militaires qui rencontrent des problèmes en service lorsqu’il n’y a pas de psychiatre en service ou que celui-ci n’a pas le temps de procéder à l’examen nécessaire. Ces experts sont aussi mandatés par la justice militaire pour des expertises. Leur avis est donc reconnu. Ils ne sont pas forcément mal intentionnés envers des personnes qui ne veulent pas faire l’armée. Ils ne sont pas forcément des représentants ou des défenseurs de l’armée non plus. Les consulter présente donc des avantages et des inconvénients. Cette liste peut était donc considérée comme une liste d’adresses à éviter, ou au contraire à recommander. A vous de choisir en pesant le pour et le contre. Lien. Bref, si besoin, vous pouvez toujours demander à vous faire communiquer l’adresse du psychiatre de l’armée local. Vous pouvez aussi le demander au service psycho-pédagogique de l’armée.

Le délai

L’armée exige que, pour tous les empêchements de faire l’armée connus à l’avance, un report soit demandé au moins 14 semaines à l’avance. Et à être avertie dans les 3 jours pour les urgences ! Soyons clair, ce délai n’est pas toujours tenu. Mais pour faciliter les choses, si vous êtes en retard, il est bon, dès que vous savez que vous allez faire une demande médicale, d’en avertir immédiatement votre département cantonal des affaires militaires (adresses), au moyen d’une lettre qui dit à peu près cela : « Je suis actuellement en traitement (ou vais être en traitement dès le … date) chez le Dr. X (son nom et son adresse) et il est probable que je demande à être réformé (ou dispenser du cours du … la date). Je tenais à vous en avertir au plus vite. Le certificat suit. Salutations. Signature ». Cela évite des complications (ou même des amendes) si le délai est échu.

Le dépôt d’un dossier médical (sérieux) en vue d’une sortie définitive (contrôle de votre aptitude au service) suspend toutes vos obligations militaires. Base légale.

Le dossier médical, introduction

Rappel : Tous les psychiatres (et ceux de l’armée !) sont liés par le secret médical et votre dossier militaire est confidentiel. Donc à moins que vous n’en parliez à qui que ce soit, nul n’en saura jamais rien (on peut avoir quelques doutes, mais on n’a jamais eu de cas de violation). C’est donc en particulier sans influence sur la vie professionnelle.

Les consultations sont remboursées par l’assurance de base. Mais nous aimerions plutôt que ce soit l’assurance militaire qui les couvre. Vous trouvez ici le formulaire permettant de faire la demande à l’assurance militaire.

Après quelques entretiens (2 à 4), le psychiatre pourra rédiger un dossier s’il estime que vous êtes inapte au service militaire.

Lors des séances, vous devrez répondre à des questions intimes, sur votre sexualité, votre personnalité, vos rapports avec les gens (amis, parents), avec l’alcool et les drogues, les antécédents psychiatriques, familiaux, votre rapport à la violence, etc. Répondez honnêtement, dites ce qui va et ce qui va moins bien, dites ce que vous ressentez et dites ce qui pourrait s’aggraver (et éventuellement jusqu’où) si vous deviez faire l’armée ou faire encore de l’armée.

Il faudra faire un dossier complet (2-3 pages). Un certificat ne vaut que pour une inaptitude temporaire.

Le dossier doit décrire votre personnalité et les problèmes dont vous souffrez en relation avec l’armée (avant, pendant et après le service), décrire l’impression générale (subjective) que vous donnez, poser un diagnostic clair et conclure à votre inaptitude en justifiant les raisons de cette appréciation. De plus, le dossier devra faire l’historique des difficultés psychiatriques ou psychologiques que vous avez rencontrées avant, pendant et après le service.

Il arrive que les psychiatres demandent à vous voir plus, cherchent à prolonger le traitement au-delà du certificat. En principe, ils ont assez de travail, ils ont donc peut-être de bonnes raisons, mais ils doivent alors les préciser et surtout vous les faire connaître. Dans tous les cas, vous êtes totalement libre de refuser.

Le dossier médical, le contenu.

Les symptômes.

Où il est question de se sentir au moins bien dans sa peau et bien dans sa tête…car se sentir bien dans son cœur est incompatible avec l’armée !
Soyons clairs : à notre avis (mais ce n’est qu’un avis) l’armée rend tout le monde malade, au moins en allant à l’encontre des instincts et des choix de respect de la vie et des autres. Ainsi ce qu’elle fait est bien plus fou que tout ce qu’un psychiatre pourra jamais vous trouver de fou (dans ce contexte). Est-il normal et en accord avec la sociabilité de l’être humain d’apprendre à tuer ? Est-ce rendre service à la société que de former les jeunes à la transformation des conflits par la force, la destruction et la violence ? En risquant, peut-être, par la guerre, l’avenir de l’humanité, l’équilibre écologique et la vie de nombreux civils ? Est-il logique d’apprendre l’obéissance et la servilité, voire de déclencher la révolte et le ressentiment, plutôt que de former au dialogue, à la construction d’une société harmonieuse et à la responsabilité personnelle et d’ensemble ?
Donc … Les maux les plus courants sont :
– Les angoisses et les peurs, latentes ou diffuses (mal-êtres, phobies) ou sous forme manifestes, immédiates ou différées, crises d’angoisse générales ou spécifiques à certaines situations (par exemple en présence d’armes, de situations dangereuses ou difficiles ... ), manifestation de peur ou d’angoisse pouvant prendre diverses formes. (Courage, sérénité et travail effectifs pour la paix et sa propre évolution en ce sens sont nos médicaments favoris et on s’en remet très bien…).
– L’asociabilité, sous diverses formes aussi. (L’histoire véridique du suisse romand ne parlant pas allemand mit tout seul dans une section germanophone et ne comprenant même pas les ordres puis réformé de façon définitive pour « asociabilité » mérite une mention). Réactions face à l’autorité, difficulté à vivre en groupe, peur de la promiscuité, repli sur soi ou agressivité, certains régimes alimentaires, etc. (L’amour de ses semblables et une bonne dose de compétences de dialogue, ça aide !).
– Les somatisations variées (manifestations de maux psychiques par des problèmes physiques) en réaction à des refus de l’armée (ou d’autres choses) pour toutes sortes de raisons, bonnes on moins bonnes (mais qui décide de la qualité de ces raisons ?), tels qu’insomnie, cauchemars, somnambulisme, lassitudes ou fatigues inexpliquées, inappétence ou boulimie, voire énurésie (pipi au lit). Attention, les automutilations, même si elles relèvent d’abord du médical, sont aussi punissables (et dans les grandes casernes, il y a des cellules dans les infirmeries). (Croire en sa santé et en prendre un soin sérieux et assez continu, bien manger, boire souvent, bien dormir et profondément, faire de l’activité physique régulière nous semble un bon début !)
– L’hyperactivité et le surmenage, ou la dépression.
– Les obsessions, tics et manies.
– L’hyper agressivité ou le repli sur soi.
– Des tendances à l’addiction, alcool et drogues.
– Diverses formes de délires légers. Les artistes inspirés et autres « doux dingues magnifiques » cadrent assez mal avec la rigueur militaire …
– Des difficultés d’ordre sexuelles. L’homosexualité (qui n’est pas automatiquement une « difficulté d’ordre sexuelle » d’ailleurs) n’est pas un critère d’exclusion en soi. Ce sont éventuellement d’autres troubles, liés par exemple à l’acceptation de l’homosexualité, problèmes dans les relations avec les amis, les parents etc. qui seront un facteur d’exclusion de l’armée. En outre, l’armée craint l’homosexualité car les relations avec les autres militaires pourraient nuire à la bonne marche du service, (homophobie ou mal être chez d’autres soldats, etc.). Voir aussi les exemptions pour raisons sexuelles.
– Les tendances morbides ou suicidaires.
– Les personnes ayant eu des comportement violents entraînants une inscription au casier judiciaire sont désormais exclues d’office. Si toutefois, cela n’a pas été inscrit, la violence peut être un motif d’inaptitude.
– Etc.

J’arrête avant de devenir grave…

Un mot quand même sur les black-out et autres actes manqués. Il est très fréquent (et c’est en un sens logique) que des personnes ayant des difficultés à faire l’armée zappent ou égarent, ignorent (consciemment ou non) des convocations ou se trompent de date parce qu’elles ne veulent pas ou ne savent pas comment assumer cette obligation militaire. C’est déjà un symptôme de vos difficultés.
Si vous lisez ces pages c’est en principe que le pire est passé et que vous allez réagir et vous occupez du problème. En théorie, nul ne peut le faire à votre place, mais si vous êtes dans cette situation ou si vous connaissez quelqu’un qui est dans cette situation, il est temps d’agir ou de lui donnez un coup de pouce, car ce genre d’attitudes (oublier des convocations) peut mener à des amendes sévères, voire même dans les cas les plus graves à des peines de prison. Tant que l’on est à jour et dans les délais, que l’on dialogue avec l’armée, cela ne se passe encore pas trop mal (tout est relatif…), mais dès qu’il y a des silences prolongés ou des absences, c’est vite le coup d’enclume, car la justice militaire est … militaire ! Donc si un lundi après-midi ou le mardi, vous vous apercevez ou on vous fait comprendre que vous avez loupé une obligation militaire, faites au plus vite pour rattraper le coup, pour vous excusez et si possible pour y aller. Ou alors passez de suite chez le médecin pour un certificat … Si vous avertissez tout de suite, de préférence de votre plein gré et avant qu’ils ne vous cherchent (le plus souvent, ils téléphonent, ils n’envoient plus la police militaire, du moins s’ils savent où vous trouver) cela se réglera entre vous et le commandant ou le service cantonal et vous aurez au pire une petite amende. Mais en cas de silence ou d’absence d’excuses, si vous n’y allez pas, ça va chez le juge pour une grosse amende (insoumission), voire pour de la prison s’ils s’aperçoivent que c’est vraiment à l’armée que vous en voulez (refus de servir)
Dans ces cas-là, la permanence sait vous tirer d’affaire si elle prévenue assez tôt. Voir l’article ici.

On le voit, la plupart de ces problèmes et symptômes sont ou peuvent être relativement bénins. Et ils n’ont pas besoin d’être « manifestés ». Un risque sérieux de les voir se réaliser souvent suffit. Il y a de plus assez souvent une conjonction de ces divers facteurs. Et ne l’oublions pas, ce sont souvent des choses assez simples à résoudre dans le civil, mais que l’armée exacerbe (ce qui est plus facile à voir si on en a déjà fait un peu, mais bon !).

A vous de voir où vous vous situez, d’assumer le problème (et d’éviter de l’aggraver en en parlant…) et d’y trouver une solution, tout en sachant que si ces symptômes sont patents ou réqurrents, sortir de l’armée EST la solution. Et je vous souhaite ensuite de « repartir du bon pied ». Se sentir bien dans sa tête, c’est important ! Certains psy proposent d’ailleurs encore une séance après la décision de l’armée, juste pour cela : tourner la page… D’autres cherchent du business, donc en principe, une fois le problème militaire résolu, vous pouvez arrêter les consultations.

Finalement, c’est surtout l’impression générale qui compte, mais à condition que cela soit qualifiable comme maladie psychique et que ce diagnostic soit incompatible avec l’armée.

Ces problèmes sont souvent l’expression de raisons morales (un conflit de conscience disions-nous dans l’ancien temps) qui vous empêchent de faire du service et qui ont des répercussions sur votre santé. Dans ce cas, vous devez faire le choix entre service civil ou une exemption psychiatrique et vous y tenir.

En résumé, l’armée vous rend mal-à-l’aise et cela pourrait s’aggraver si vous deviez y aller. Et préparez-vous bien ! Le psy posera beaucoup de questions, vous fera parler de votre problème.

Comme précisé dans la présentation de la permanence, nous n’avons pas d’opinion sur la façon dont les conscrits assument leurs obligations militaires. Toutefois et toutes comparaisons faites, la procédure d’admission au service civil est bien plus simple et il est moins coûteux (taxe d’exemption) que l’inaptitude. A chacun de savoir, si le service civil lui-même est plus gratifiant ou non.

Le dossier médical, le document

Ce qui suit est une copie de ce qui se trouve dans l’article sur les dispenses médicales en général.

Dans le dossier médical ou psychiatrique, pas besoin d’inclure des radios ou autres résultats détaillés d’examens. Le certificat médical, ou le dossier préparé par le médecin suffit. Il doit mentionner en termes médicaux les motifs d’inaptitude et parfois indiquer les moyens de preuve disponible (radio et autres tests) et la conclusion ou la recommandation, l’opinion du médecin sur votre aptitude ou non à faire l’armée. On vous demandera éventuellement d’apporter ces documents lors de la convocation devant la CVS, s’il y a une convocation, c’est loin d’être toujours le cas.
Le dossier lui-même doit être dans une enveloppe fermée (si possible à l’en-tête du médecin) pour préserver le secret médical. Inscrire dessus la mention « dossier médical » et votre numéro de matricule (numéro AVS).
La lettre d’accompagnement (en-tête et N° AVS) doit contenir la phrase suivante (ou quelque chose de très approchant) : "Par la présente, je demande une nouvelle appréciation de mon aptitude au service militaire. Veuillez trouver en annexe la certificat médical présentant la situation". Rien de plus.
Envoyez le dossier en recommandé à :
Service sanitaire de la Base logistique de l’armée,
Worblentalstr. 36,
3063 Ittigen

Si vous n’avez pas le temps d’envoyer le dossier avant le recrutement ou l’entrée en service en école de recrue, vous pouvez vous présenter avec tous les documents et vous faire examiner sur place, mais il ne vaut mieux pas … Vous attendrez assez sûrement plusieurs jours avant de voir un médecin, qui vous renverra probablement à la maison sans vous licencier définitivement de l’armée et vous devrez tout recommencer depuis le civil.

Une demande sérieuse de citation en CVS, jusqu’au moment de l’appréciation de votre aptitude, vous dispense d’entrer en service et d’effectuer des tirs obligatoires. Donc autant la faire, même quelques jours avant la convocation.

Audition devant la Commission de visite sanitaire

Vous serez très éventuellement convoqué à une brève audition devant une commission de visite sanitaire, qui compte au moins deux médecins ou psychiatres et qui se réunit au centre de recrutement (Lausanne pour les Romands) ou dans le chef-lieu du canton de domicile. Mais le plus souvent les décisions sont prises sur la base du seul dossier. Le fait d’être convoqué ou non ne doit pas être compris comme un signe de faibles ou bonnes chances d’être réformé.

Ne répondez pas à des questions politiques ou à d’autres questions que celles qui concernent votre santé.

La décision peut être de vous reformer, mais les médecins peuvent aussi décider d’ajourner votre service d’un an ou deux, en espérant que votre état s’améliore. Ils peuvent aussi vous exempter de certaines tâches (tirs, marches, charges etc.) ou vous déclarer inapte à l’avancement (inapte à grader).

Vous pouvez faire recours contre cette décision en écrivant une lettre à l’instance de recours, laquelle figure sur le formulaire avec lequel ils vous communiquent leur décision (39 LAAM, même adresse mais c’est une autre commission de CVS qui tranche). En cas de deuxième refus, une demande de révision peut être déposée si des faits nouveaux sont intervenus ou si des faits importants n’ont pas été pris en compte.

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Sortir de l’armée pour raisons psy depuis une école de recrue
Le début d’école de recrue est bien trop souvent une épreuve pour ceux (et celles parfois) qui n’y sont pas suffisamment préparés, mais aussi pour les proches. Parler de choc culturel en ce qui concerne ce passage est une gentillesse. Et le but de l’armée n’est pas (et n’a jamais été) d’être gentille.
Et certains aspects de la vie militaire...
Vous voilà averti, si ce n’est préparé !
En plus, cette armée-là bénéficie d’une abondante main-d’œuvre, obligée de servir ; donc à notre humble avis, elle ne se donnait pas ou pas encore assez de soin pour bien traiter son personnel, y compris et surtout les personnes volontaire ou disposant des compétences particulières dont elle a besoin.
A force de le dire, cela s’améliore un peu. L’armée - ou certains militaires - a enfin compris que pour avoir du personnel de qualité, il ne suffit pas de démolir le service civil, il faut aussi que le personnel dont elle dispose y trouve son compte.

Y ajouter l’idée d’aller à une école de recrue pour « y perdre la boule » pour se faire réformer au plus vite n’est pas - mais pas du tout - constructif.
Cette idée est même dangereuse.
Explications :
– Que ce soit parce que l’on s’est sous-estimé ou que l’on a mésestimer l’ambiance qui règne dans les casernes ou les conséquences de ce genre de « démarche un peu folle » : faire reconnaître son mal-être par un psy et faire avaliser cette situation par l’armée prend du temps, habituellement une à trois semaines avant que ne tombe une décision de sortie de l’école de recrue. (Décision à confirmer éventuellement ensuite par une commission médicale militaire, pour pouvoir être effectivement réformé, voir ci-dessus, demandes depuis le civil).
– Avec quelques risques tout de même. C’est devenu nettement moins fréquent (tant mieux), mais il peut arriver que l’armée, certaine que vous êtes tous des durs, vous « oublie », parfois pour d’assez longues périodes – facilement plusieurs jours – avant de vous donner accès à un médecin. De fait et à ma connaissance (mais qui date un peu, je n’ai plus eu de cas récemment), sauf cas graves, il n’y a pas de visites médicales psychiatriques la première semaine des écoles de recrue.
(Nous pensons si cela se produit que c’est de la maltraitance, et passablement de mamans ou de papas passablement perturbés par l’état du fiston, ou de copines qui ont entendus à cette occasion leur mec pleurer pour la première fois vous le confirmerons aussi, cela va souvent trop loin).
– Lequel médecin, quand on finit par le voir n’est pas toujours bien disposé, si même il parle votre langue, ce qui n’est même pas toujours le cas.
– D’ailleurs sauf pour les plus grandes d’entre elles, les casernes n’ont pas un psy à disposition. Cela peut donc prendre passablement de temps pour le trouver et pour organiser ensuite un rendez-vous en extérieur.
– Parce qu’il est difficile d’obtenir des rendez-vous et pour d’autres raisons tout aussi valables, il y a un peu foule dans les infirmeries militaires en début d’école de recrue.
– Et cela ne débouche que rarement sur une exclusion définitive de l’armée, car les médecins de troupe, sauf si le cas est évident, n’ont en principe pas ce pouvoir qui est réservé aux commissions de visite sanitaire (CVS) qui seules peuvent en décider. A ma connaissance, elle ne siègent jamais sur le terrain.
– Votre but premier est donc avant tout de sortir de l’école de recrue, quitte à faire ensuite la procédure d’inaptitude depuis le civil. Et si on vous déclare directement inapte, heureusement ça arrive, tant mieux, mais en faire un objectif nécessaire complique passablement une situation souvent déjà bien assez difficile.
– Que vous ayez souhaité être réformé en début d’école de recrue ou que cela se produise pour d’autres raisons, il est aussi arrivé que l’on vous renvoie chez vous en vous disant que vous serez réformé ou convoqué à une visite médicale par la suite, mais que l’armée ensuite n’en fasse rien. En fait, si vous êtes réformé définitivement en sortie d’école de recrue, vous le saurez tout de suite, ce sera inscrit "inapte" dans le livret de service et en principe vous rendrez vos affaires. Sinon, vous serez simplement re-convoqué, par un nouvel ordre de marche, pour une nouvelle école de recrue. (Heureusement, ces cas de mensonges sont devenus plus rares depuis que nous les avons constatés et dénoncés). Reste que si vous êtes renvoyé de l’école de recrue pour raisons psy sans avoir été déclaré définitivement inapte (voir vos annotations au livret de service), même si on vous dit que vous serez convoqué à une visite médicale (ce qui n’arrive pas toujours même si on vous le "promet"), c’est bien à vous de faire les démarches (décrites ci-dessus) pour être réformé depuis le civil. Ce que, d’ailleurs, vous auriez de toutes façons tout aussi bien pu faire par un recours contre le résultat du recrutement ou au moins par une demande de CVS avant l’école de recrue (et en évitant ainsi toutes ces complications, si vous pensiez être réformé en début d’école de recrue).
– Néanmoins, si vous vous retrouvez malgré tout dans cette situation, nous vous aidons volontiers et de bon cœur ; on ne peut pas tout prévoir.
– Pour vous faire mieux entendre et comprendre de la part de l’armée et de la hiérarchie, vous pouvez aussi demander à voir l’aumônier ; vous pouvez appelez notre permanence, mais aussi et surtout vous pouvez appelez la permanence du service psychopédagogique de l’armée au +41 800 11 33 55. Habituellement, cela aide.
– Il y a aussi un service de la diversité (lien).
– Il est parfois aussi possible de faire appel directement aux psychiatres de l’armée, dont la liste est ici. Depuis, le civil, avec des dossiers solides, ces spécialistes ne nous posent pas trop de problèmes. Depuis les écoles de recrue, c’est parfois plus difficile, ils préfèrent laisser faire ceux qui sont sur place, mais en cas d’urgence avérée, leur opinion est prépondérante, donc il est utile de les consulter.
– Si malgré tout cela l’armée ne prend pas en compte votre problème (cela arrive), vous devez consulter un psychiatre civil, par téléphone ou durant un congé.
– Les policliniques psy sont parfois réticentes à prendre en urgence la responsabilité pour les cas militaires. De garde, ce sont assez souvent de jeunes médecins qui ne connaissent pas encore la procédure militaire. Sachant que l’armée n’est pas toujours objective ou rapide pour trouver des solutions humaines à ces situations, nous considérons que c’est une violation du serment d’Hippocrate et nous vous encourageons à insister, si besoin à chercher ailleurs et à (nous) dénoncer cette attitude des permanences. Ou alors, simplement, à ne pas dire en demandant le rendez-vous que votre problème vient de l’armée.
–Dans tous les cas vous AVEZ DROIT à une consultation en permanence médicale (et ici). Tout comme VOUS AVEZ DROIT A UN RENDEZ-VOUS MÉDICAL A l’ARMÉE et cela dans les meilleurs délais, en accord avec l’urgence de la situation et la bonne marche du service toutefois.
– Une fois le certificat civil obtenu (et au pire un certificat délivré par un généraliste est un bon début), il faut encore faire reconnaître ce certificat par l’armée. Et le plus souvent, cette fois vous êtes entendu (là l’armée devient prudente, elle se sait surveillée, ne serait-ce que par l’assurance militaire). Mais elle demande néanmoins à vérifier elle-même le certificat et pour cela – sauf si le médecin civil l’exclut expressément – vous devez retourner en caserne pour encore quelques jours, le temps de faire cette vérification.
– D’une façon ou d’une autre, disons-le tout net, si le problème est patent, on fini par y arriver et par sortir d’une école de recrue dans laquelle vous n’auriez jamais du entrer. Que ce soit d’ailleurs par la faute de l’armée et du recrutement qui n’ont pas correctement évalué vos disponibilités et potentiels (10% de pertes en personnel durant les écoles de recrues, c’est un « déchet » grave, n’en soyez pas victime !).
Ou par votre propre "faute ou innocence", si vous avez surestimé vos capacités à supporter le pensum militaire ou si vous avez sous-estimé les idiosyncrasies actuelles ou possibles, nombreuses ou rares, pénibles ou variées, diverses ... des écoles de recrues ou de l’armée en général.
– Enfin, il convient de rappeler ici que de se mutiler ou de commettre une fraude pour éviter le service militaire est un crime, qui n’a rien à voir avec le fait que l’armée vous mette franchement mal à l’aise, ce qui est une question médicale et non pas pénale.

Ok, cela a l’air moche et cela peut l’être. Donc nous avertissons et expliquons comment cela se passe et quelles sont les possibles solutions. Mais le bonne foi, nous habite aussi, l’armée a fait de sérieux progrès. Mais ne lui donner pas l’occasion de retomber dans ses travers. Vous devez vous aussi être bien préparé.
Je dirais bien, "bien préparé à la paix" et il y a à faire là aussi !

Dernières mises à jour : 3.5.22 Inversion des paragraphes "depuis le civil, depuis l’armée". Édulcoration progressive des "dégâts" en début d’école de recrue. Relecture "depuis l’armée" et "symptômes".
21.2.22 (refonte mineure de l’introduction, pondération du ton - cela semble aller mieux, ces débuts d’école de recrue...).

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