Revenu de base inconditionnel. Votation du 5 juin 2016 QuelqueRéflexions générales et locales sur le revenu de base inconditionnel

, par  C. Barbey

[*Gandhi disait qu’une bonne idée est d’abord moquée, puis combattue, puis acceptée !*]

Le revenu de base inconditionnel est-il une bonne idée ?
Avant de vous laisser y répondre, ou de voir comment vous réagissez à cette idée, permettez-moi de vous proposer quelques réflexions. Puis avec les réserves d’usage, je vous propose une tentative d’analyse économique sur ce que le revenu de base inconditionnel pourrait apporter au Pays d’Enhaut (un district montagnard du Canton de Vaud).

L’humanité est riche. Riche de savoirs et d’infrastructures, mais aussi de la conscience de sa propre existence, de l’amour et des valeurs qui nous ont portés jusqu’ici. Une part de cette fortune doit servir à assurer l’avenir : c’est le développement durable. Lequel ne sera pleinement réalisé par l’ensemble de la population humaine que lorsque celle-ci se sentira suffisamment bien sur sa planète pour avoir de vraies raisons de la préserver. Un tel bien-être ne sera possible que s’il n’est pas trop difficile de satisfaire les besoins de base de toutes et tous et que les ressources nécessaires à cela sont honorablement partagées. Une part de la fortune de l’humanité est aussi constituée de ressources non-renouvelables, par exemple le pétrole et les ressources minières ou encore le fruit de notre travail lorsqu’il profite au développement de toutes et tous, aux générations futures, sans que nous en tirions toujours le plein bénéfice. La fortune de l’humanité, renouvelable ou non, puisqu’elle existe, ne doit-elle pas assurer le bien-être ou du moins les besoins essentiels de toute l’humanité, de tous ses membres sans exceptions ? Et la Suisse, son peuple, auront-ils le courage de montrer l’exemple de cette répartition ?
Bien sûr, notre filet social est excellent. Mais nul n’ignore qu’il comporte des failles parfois importantes. Evidemment, notre travail et ses résultats sont de très grande qualité. Mais il est encore perfectible et s’il était fait plus volontairement ne serait-il pas meilleur ? Et ce volontariat – payé ! – ne permettrait-il pas aussi de faire plus facilement et par nous-mêmes une part des tâches ingrates que nous confions à d’autres ; d’alléger ainsi leur fardeau ? À l’inverse, si nous n’avions pas à assurer notre subsistance, ne serions-nous pas plus créatifs et compétitifs ? A plus forte raison, si nous étions soutenus par un pays libéré des tâches de survie et qui ainsi serait plus apte à être heureux ? Tant pour l’AVS en son temps que pour l’égalité pour les femmes et les hommes, ou encore pour l’abolition de l’esclavage ou même de la guerre, il a d’abord fallut des idées, et parfois des siècles pour qu’elles se réalisent. Notre gratitude va à celles et ceux qui les ont portées et qui leur ont ensuite donné corps dans le cours de l’histoire. Face à certaines échéances que nous pose l’avenir, face à la conscience que l’on en a et aux responsabilités qui en découlent ou encore du fait de l’exigence démocratique, avons-nous le temps nécessaire pour faire de l’humanité un projet digne, heureux et durable ?

Je n’ai pas la réponse à toutes ces questions et le changement ne va jamais de soi. Mais assurer sans condition le bien-être matériel de toutes et tous est une idée qui pour moi va de soi, qui va dans la bonne direction et que je fais donc mienne.

Le revenu de base inconditionnel et le Pays d’Enhaut


N’étant pas économiste et n’ayant pas accès à certains des chiffres nécessaires, c’est avec réserve que je formule les réflexions suivantes, dans le but néanmoins de porter plus loin et de façon plus concrète la réflexion sur le revenu de base. La question essentielle est celle de savoir si le produit intérieur brut, le revenu total du Pays d’Enhaut et donc sa fortune augmenteraient si le RBI était accepté ?
Plusieurs critères peuvent être pris en compte.
D’abord le nombre de personnes inactives ou à faibles revenus au Pays d’Enhaut serait-il plus important qu’ailleurs ou que ce que l’économie ou le nombre de personnes à hauts revenus présents ici auraient à fournir en plus pour payer le RBI ? Impossible de le dire sans avoir les chiffres, mais il est par contre certain que les personnes à faibles revenus verraient ainsi leurs besoins mieux assurés, apportant alors une sécurité accrue à l’ensemble de la région.
Le tourisme en serait-il bénéficiaire ? Dans la mesure où le tourisme au Pays d’Enhaut s’adresse beaucoup aux familles et où le revenu disponible pour les enfants augmenterait assez considérablement, c’est fort probable qu’un nombre nettement plus élevé de famille suisses de condition modeste ou dans le bas de la classe moyenne auraient accès à des vacances en montagne. Bienvenue !
L’agriculture en profiterait-elle ? Il est indéniable que si la fortune y est grande en terres et en bâtiments, en machines, les salaires y restent souvent modestes et sont répartis sur l’ensemble du ménage. Une revalorisation du revenu de base faciliterait certainement les choses, mais assurerait aussi, il me semble, une meilleure relève.
Par ailleurs, il est évident que le revenu de base inconditionnel garantira pour toutes et tous un accès aux études supérieures, dont on sait qu’elles sont plus chères en raison de la distance.
Enfin, si toutes ces conditions sont effectivement réalisées, il est probable que le produit des impôts sera plus élevé dans la région, favorisant ainsi les infrastructures pour toutes et tous.

Je le redis, ce que j’avance ici se base sur trop de suppositions pour en faire des affirmations ou des promesses économiques. Projet de grande ampleur, le revenu de base inconditionnel comporte probablement aussi quelques risques, que l’on prendra en compte ou non, selon ses intérêts ou la vision de l’avenir que l’on se donne.
Par contre, comme je viens de le démontrer et aussi modeste que soient mes connaissances en ce domaine, il serait faut de prétendre que ce projet est utopique ou dénué d’utilité, que ce soit un projet qui doivent être moqué ou combattu…

[*Alors avec mes vœux de bonne continuation et de prospérité, qu’allez-vous voter ?*]

Christophe Barbey
Paru dans le journal du Pays d’Enhaut le 26 mai

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